Le procédé

La cyanotypie est un procédé de photographie entièrement manuel datant de 1842, reposant sur les propriétés photosensibles d’une émulsion à base de deux sels de fer. Cette solution ferrique, qui n’est ni toxique ni polluante, produit la teinte bleu de Prusse après avoir réagi à une insolation et après avoir été rincée à l’eau.

La science à l'origine de la magie

John Herschel était bien plus qu'un astronome : mathématicien, chimiste, physicien et botaniste, il a exploré les sciences avec une insatiable curiosité. Sa découverte du cyanotype en 1842 n'était pas le fruit du hasard, mais plutôt le résultat de ses recherches et de ses expérimentations dans le domaine de la photographie. Herschel était déjà familier avec les propriétés photosensibles de certains sels de fer, et il cherchait un moyen de les utiliser pour créer des images plus permanentes que celles obtenues par les procédés photographiques existants à l'époque. En mélangeant des solutions de citrate d'ammonium ferrique et de ferricyanure de potassium, il est parvenu à créer un mélange sensible à la lumière. En exposant ce mélange à la lumière du soleil, il a observé la formation d'une image bleue après un rinçage à l'eau : le cyanotype était né !

Anna Atkins, botaniste visionnaire, nourrit une passion pour la botanique dès son plus jeune âge. Pionnière de l'image botanique, son livre "Photographs of British Algae: Cyanotype Impressions", paru en 1843, est une ode à la beauté des algues et une première dans l'histoire de la photographie. C'est un véritable chef-d'œuvre, le premier ouvrage illustré de photographies. Son travail a permis de faire connaître la beauté et la diversité des algues, et a ouvert la voie à l'utilisation de la photographie dans la botanique.
Femme de caractère dans un monde d'hommes, elle a su s'imposer par son talent et sa persévérance.

Anna Atkins et le premier livre illustré de photographies

Comment la lumière fait-elle naître le bleu ?

Tout commence à 150 millions de km, là où le soleil, notre étoile bien-aimée, déploie son éclat.
Sa lumière, qui voyage à la vitesse étourdissante de 300 000 km par seconde, nous parvient après avoir parcouru cette distance gigantesque en 8 minutes. 8 minutes qui transforment cette distance en unité poétique, comme un pont qui unit le lointain au présent.
La lumière est un rayonnement électromagnétique, une énergie que de nombreuses substances peuvent absorber, à l’instar des plantes qui l’utilisent pour réaliser la photosynthèse.
Quand cette énergie parvient sur une surface enduite d’un mélange de ferricyanure de potassium et de citrate d’ammonium ferrique, elle provoque une réaction chimique de réduction dans laquelle le fer contenu dans le citrate d’ammonium ferrique gagne un électron et est donc réduit (puisqu’on passe de Fe3+ à Fe2+).
Cette nouvelle forme de fer va alors maintenant pouvoir interagir avec le ferricyanure de potassium pour former un composé insoluble et intensément coloré : c’est le fameux bleu de Prusse.

Utiliser cette énergie solaire pour donner vie à mes cyanotypes est pour moi une sorte de communion avec l’infiniment grand, un hommage aux forces cosmiques à l’origine de cette merveilleuse nature qui nous entoure et qui m’inspire à chaque instant. La cyanotypie, ce pont bleu qui fait le lien entre tout ce qui me tient à cœur : sciences, photographie, art, nature ♡ 

De gauche à droite : Ptilota plumosa; Ulva latissima; Codium tormentosum. Extrait de "Photographs of British Algae : Cyanotype Impressions" - Anna Atkins